1. Pourquoi est-il crucial d'anticiper l'entrée en EHPAD ou en maison de retraite ?
L'urgence est toujours mauvaise conseillère, surtout lorsqu'il s'agit du devenir d'un proche et de la gestion de son patrimoine. Préparer son entrée en maison de retraite ne concerne pas uniquement l'aspect logistique. Il s'agit avant tout d'assurer la protection de la personne et de ses volontés, avant que l'altération de ses facultés mentales ou physiques ne le permette plus. L'anticipation permet de choisir une mesure de protection plus souple et moins intrusive, comme le mandat.
Il est nécessaire d'agir pendant que la personne âgée jouit encore de son autonomie de décision. Le processus d'admission dans certains établissements peut être long. Avoir les outils juridiques nécessaires en main garantit que les démarches (gestion des comptes, vente d’un bien, signature du contrat de séjour) se feront sans blocage. C'est le meilleur moyen pour l'aidant de se concentrer sur le soutien émotionnel et l'accompagnement de la personne à protéger.
2. Comment protéger les droits et libertés de la personne âgée dès l'admission en EHPAD ?
Même en entrée en établissement spécialisé, les droits fondamentaux de la personne majeure doivent être respectés. Les EHPAD ne sont pas des lieux où les droits s'effacent ; ils sont encadrés par la loi. La Charte des droits et libertés de la personne accueillie doit être remise à votre parent et à vous-même dès son arrivée. Ce document garantit notamment le respect de sa dignité, de son intimité et de sa liberté d'aller et venir, tant que son état de santé le permet.
L'EHPAD doit également encourager l'expression des résidents, notamment par le biais du Conseil de la vie sociale (CVS). En tant qu'aidant ou membre de la famille, vous avez un rôle à jouer pour vous assurer que les droits de votre un proche sont bien appliqués. Si vous constatez un manquement, la loi vous autorise à solliciter une personne qualifiée (médiateur indépendant) pour vous aider à résoudre le différend, sans passer par la case contentieux de la protection.
3. Mandat de protection future : L'outil idéal pour les personnes âgées autonomes
Le Mandat de protection future est la meilleure illustration de l'anticipation. Il permet à une personne âgée, encore capable, de choisir à l'avance qui sera son mandataire (souvent un proche aidant) le jour où son autonomie serait altérée. C'est une mesure de protection juridique destinée à prévenir le recours à la tutelle ou curatelle.
Ce dispositif se déclenche sur simple présentation d'un certificat médical circonstancié attestant de l'altération des facultés mentales ou corporelles empêchant la personne peut gérer seule ses affaires. Les pouvoirs du mandataire sont définis par le mandat lui-même. Il peut s'étendre à la protection de la personne (choix du lieu de vie, actes médicaux) et/ou à la gestion de son patrimoine (gestion courante des comptes, et éventuellement, avec accord notarial, la vente d’un bien immobilier).
4. Tutelle et Curatelle : Quelles sont les différences entre ces mesures de protection juridique ?
Lorsque la dégradation de ses facultés est déjà installée et qu'il est trop tard pour un mandat, le juge des tutelles doit être saisi pour mettre en place une mesure de protection. Ces mesures de protection juridique destinées aux personnes qui ne peuvent plus pourvoir seules à leurs intérêts sont la tutelle et la curatelle. Elles visent à protéger une personne qui est jugée vulnérable.
La curatelle est une mesure d'assistance. La personne sous curatelle peut accomplir seule les actes de la vie courante (payer les factures, gérer le budget quotidien), mais doit être assistée par le curateur pour les actes importants (vente d'un bien, emprunt). En revanche, la tutelle est la mesure la plus contraignante : la personne est représentée par le tuteur dans tous les actes civils, car son état de santé ne lui permet pas de gérer seule ses affaires courantes. La demande doit toujours être accompagnée d'un certificat médical rédigé par un médecin agréé.
5. Quelles sont les limites et les enjeux d'être sous tutelle ou sous curatelle ?
Le principal enjeu est la préservation des libertés de la personne protégée. Être sous tutelle ou sous curatelle signifie une restriction, plus ou moins importante, de la capacité d'agir et de s'exprimer. C’est pourquoi ces mesures de protection sont révisées régulièrement par le juge des tutelles.
Les limites sont claires : le tuteur ou curateur ne peut pas décider du placement en EHPAD sans respecter les droits de la personne protégée. Si celle-ci est capable d'exprimer son désaccord, le juge des contentieux de la protection peut être saisi. De même, la vente d’un bien immobilier de la personne sous tutelle est strictement encadrée et nécessite l'autorisation préalable du juge des tutelles, afin de prévenir tout abus et de garantir que la transaction est dans l'intérêt exclusif de la personne à protéger.
6. Habilitation familiale : Une mesure de protection simplifiée au sein du cercle familial.
L'habilitation familiale est une alternative aux mesures de tutelle et de curatelle, souvent plus lourdes. Introduite pour simplifier les démarches, elle vise à protéger une personne sans l'intervention régulière du juge des contentieux de la protection. Elle permet à un ou plusieurs membre de la famille (enfant, époux, parent) d'être désigné pour représenter ou assister la personne à protéger.
Contrairement à la tutelle ou curatelle, une fois l'habilitation familiale délivrée par le juge, sa gestion est beaucoup plus souple. La famille choisit l'étendue de l'habilitation (patrimoniale et/ou personnelle) et n'a pas à rendre de comptes réguliers. Cependant, les actes les plus graves, comme la vente d’un bien immobilier, exigent toujours l'accord du juge des tutelles. C’est une option à étudier en priorité lorsqu’un parent âgé perd son autonomie mais que la cohésion familiale est forte.
7. Comment protéger un bien immobilier face aux frais d'EHPAD ?
C’est une des questions fréquentes et des plus délicates pour les personnes âgées et leurs familles. Le coût d'un séjour en EHPAD peut rapidement épuiser l'épargne. Protéger la résidence principale est une priorité. Une des stratégies les plus courantes pour les personnes âgées dépendantes consiste à réaliser une donation de la nue-propriété aux enfants (tout en conservant l'usufruit) tant que le parent âgé est encore apte à décider.
Toutefois, la résidence principale d'une personne sous tutelle ou personne sous curatelle bénéficie d’une protection spécifique. Sa vente d’un bien est soumise à des règles de sécurité très strictes et requiert toujours l'accord préalable du juge des contentieux. L’objectif est d'assurer que l'argent récolté servira aux besoins de la personne à protéger, notamment pour financer une partie de son séjour. Pour plus de détails, n'hésitez pas à vous rapprocher d'un notaire pour une étude de faisabilité.
8. Quelles aides financières existent pour le séjour en EHPAD et quel rôle joue l'obligation alimentaire ?
Face à la cherté des EHPAD (ou maison de retraite médicalisée), il existe plusieurs leviers pour aider les personnes à payer. Le principal dispositif pour les personnes âgées est l'Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), versée par le département et destinée à couvrir une partie des dépenses liées à la dépendance. L'APA est soumise à condition de dépendance (Grille AGGIR).
Par ailleurs, l'obligation alimentaire est un devoir légal des descendants (enfants, petits-enfants) de participer aux frais d'hébergement d' un parent âgé s'il n'a pas les revenus suffisants. Le montant est fixé en fonction des ressources de chaque membre de la famille. Enfin, si toutes les ressources sont épuisées, l'Aide Sociale à l'Hébergement (ASH) peut prendre le relais, mais il faut savoir que l'ASH est récupérable sur la succession au décès de la personne. Ce sont les aides financières possibles que le conseil départemental pourra vous expliquer en détail.
9. Questions fréquentes : Rôle de la personne qualifiée et du juge des tutelles.
Le juge des tutelles (désormais juge des contentieux de la protection) est le garant de la protection des majeurs vulnérables. Son rôle est central : il ordonne et contrôle les mesures de protection (tutelle, curatelle, habilitation familiale). Si vous souhaitez solliciter une mesure de protection, c'est à lui qu'il faut adresser la requête, en joignant le certificat médical circonstancié.
La personne qualifiée est, quant à elle, un tiers indépendant (médiateur, assistant social) désigné par le procureur de la république ou le juge pour recueillir l'avis de la personne âgée en cas de conflit avec l'établissement ou la famille. Elle est une ressource précieuse pour désamorcer les situations délicates liées au placement en EHPAD ou à la protection juridique destinées aux personnes vulnérables. C'est un interlocuteur neutre qui permet à une personne de se faire entendre.
10. La Charte des droits et libertés de la personne accueillie : Un rempart essentiel pour les personnes âgées
En 2025, la législation insiste sur le fait que les personnes âgées et leurs familles doivent connaître et faire respecter les droits et libertés du résident. La Charte des droits et libertés est le texte de référence. Elle garantit :
- Le droit à la dignité, à l'intimité et à la sécurité.
- Le droit au libre choix de l'établissement (sauf décision du juge).
- Le droit à l'information et à l'accès à son dossier.
Si vous avez des inquiétudes sur le traitement de votre un parent, la Charte vous donne les leviers pour réagir. C'est l'outil qui rappelle à l'établissement qu'il doit accompagner, et non contraindre, la personne majeure. Une bonne connaissance de ces règles de sécurité et de vie permet d'établir une relation de confiance entre la famille et les ehpad.




